mercredi 31 octobre 2007

Guidé par mon âme

Il était recroquevillé sur mes jambes alors que je conduisais le long de l’autoroute qui menait à Tunis, il faisait presque jour, on voyait déjà les premières lueurs qui jaillissaient de l’obscurité pour éclairer l’horizon qui s’étendait devant nous. N. était allongée sur la banquette arrière, il lui restait encore 2 heures à passer avec nous, avant de prendre l’avion pour retrouver R., elle lui a promis de lui donner une réponse à sa demande en mariage en rentrant de cette dernière mission. Je sentais son regard sur moi alors que je donnais la main à A. et l’embrassais sur ses joues moites. Elle m’a poussé à lui faire confiance, à me lancer dans cette nième histoire, à me lâcher, elle avait hâte de me voir heureux ‘’He seems to be the right man’’. Elle était loin d’imaginer que la présence de A. allait branler mon équilibre et changer le cours de ma vie.

A. était en proie à ses démons, il pleurait, parlait, chantait, se taisait, m’embrassait puis se remettait à pleurer, parler… C’était la première fois que je découvrais son visage d’enfant, il avait trop souffert, il était fatigué d’un chagrin qui a duré trop longtemps, endurcit par une vie qui lui a tout ôté et rien offert. Il aurait tant voulu qu’il soit présent pour voir tout ce qu’il a fait. Il y’a un an, il a du dire adieu à l’être qui lui est le plus cher au monde, une partie de lui s’était éteinte ce jour la, il ne serait plus jamais comme avant. La photo du défunt était accrochée sur le mur du salon, il ne l’avait pas quitté des yeux tout au long du mariage même lorsqu’il se déhanchait et se tortillait en 1000 positions sur la piste de danse avec H. Assis à coté de N. dont je me devais de jouer le rôle du futur époux sous les regards inquisiteurs de ses deux sœurs, je scrutais son visage, il était soul, il riait, ses yeux étaient chargés de souvenirs, il essayait vainement de cacher cette peine qui le dévorait et qui me déchirait à mon tour.

- Tu penses qu’il est fier de moi ?
- Oui mon ange, il est fier de toi, il veille sur vous. ‘’Kif mché, khalla rajel ourah’’. Personne n’aurait fait ce que tu as fait. La maison, le mariage, la limousine, le séjour de noces... Tu as dépensé tout ce que t'a laissé ‘’el Haj’’ pour qu’elle soit heureuse, pour qu’elle se sente comme toutes les filles le jour de son mariage. Je t’aime A., je ne te laisserai jamais seul, maintenant reposes toi un peu et ne pense plus à rien, je t’aime, on sera toujours ensemble…

A la radio, une diva égyptienne fredonnait un joli air qui raisonne toujours en moi

‘’Je ne sais quoi répondre
Je ne sais quoi dire
Je suis comme toi, je pense à toi
Tout ce que tu ressens est en moi
Je me suis laissé guider par mes sentiments
J’ai trouvé en toi ma famille et mes gens
Tu t’es montré affectueux, tu m’as rendu heureux ...’’




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